Des découvertes archéologiques liées à l’histoire humaine de l’Allier

Comme tous les axes fluviaux, la vallée de l’Allier a représenté durant des dizaines ou centaines de milliers d’années au moins, à la fois un milieu riche en ressources et un axe de communication.

Grâce à la morphodynamique de l’Allier (la mobilité de son lit dans la plaine alluviale), des objets et traces anthropiques de ces temps anciens ressortent régulièrement avec l’érosion de ses berges et les remaniements de ses alluvions à chaque période de crue (silex taillés, épaves, piles de ponts, …) et les « coureurs de rivière » d’Allier Sauvage ne sont pas en reste pour révéler leur découverte.

Plusieurs lieux fouillés par les archéologues témoignent de cette fréquentation très ancienne comme l’abri de la falaise du Blot en Haute-Loire et le site d’Enval dans le Puy-de-Dôme. Parmi les dernières découvertes de la période paléolithique, celles réalisées en 2003 par l’archéo-zoologue du CNRS, Laure Fontana (membre du Conseil scientifique d’Allier Sauvage), aux  « Petits Guinards » sur la commune de Creuzier-le-Vieux dans l’Allier témoignent d’une occupation en période glaciaire de ce site bordant la rivière, avec des objets en bois de renne dont une préhampe de javelot magdalénienne exceptionnelle, datée d’environ 18.000 ans.

Préhampe de javelot en bois de renne © Laure Fontana
Préhampe de javelot en bois de renne © Laure Fontana
Pointes de silex taillées, collection Joël Herbach
Pointes de silex taillées, collection Joël Herbach

Cette fréquentation de l’Allier et de ses abords s’est renforcée durant la préhistoire et jusqu’à la période néolithique, comme en témoignent les morceaux de poteries et les silex taillés (lames, grattoirs, pointes de flèches, lamelles de faucilles, etc) qu’il arrive de trouver sur ses grèves. L’origine parfois très lointaine de ces silex (vallée du Cher, Touraine et Sud du bassin parisien) soulève la question des conditions de leur approvisionnement, dans la compréhension de la mobilité et de l’économie des groupes humains.

Quant à la période historique, elle est révélée notamment par les pieux des piles d’anciens ponts que l’on peut voir en période d’étiage en plusieurs endroits du lit de l’Allier, mais aussi par diverses traces visibles sur la plaine alluviale, y compris toponymiques, comme en fait état le passionnant ouvrage « Sur les traces de l’Allier » publié par le Conservatoire d’Espaces Naturels de l’Allier à partir de cartes anciennes.

Cette histoire humaine de la rivière se manifeste aussi par la découverte de pirogues monoxyles (taillées dans un tronc d’arbre) comme celle datant environ de l’an 800, qu’Allier Sauvage a confié à La Chavannée pour son musée de la batellerie du Veurdre, ou celle magnifique découverte à St-Léopardin d’Augy en 2023 par Allier Sauvage et datant d’environ 1150, qu’une équipe de courageux formée avec les bateliers de La Chavannée a tenté d’extraire de la rivière sans succès, à cause de la montée des eaux suivant la découverte, et qui n’a pas été retrouvée en fin d’été de l’année suivante… 

Piles d’un ancien pont en aval de celui du Veurdre ©Allier Sauvage
Piles d’un ancien pont en aval de celui du Veurdre ©Allier Sauvage

Ce sont aussi parfois des grandes embarcations qui se découvrent au hasard des mouvements de la rivière. Lors d’une descente en canoë en 2000, un des membres d’Allier Sauvage a aperçu sous l’eau ce qui s’est avéré être un grand bateau de 12 m de long. Son expertise avec l’aide de notre partenaire GéoLab de l’Université de Clermont-Fd et de l’archéologue fluvial Eric Yény a permis de le dater d’environ 1750 et de montrer par l’analyse des sédiments fins piégés sous sa coque que la berge était alors occupée par des bovins, comme encore aujourd’hui ! Equipée d’une puce pour être retrouvée plus tard, l’épave est à nouveau enfouie sous les sédiments après quelques années d’érosion rapide de la berge.

Epave de grand bateau du Veurdre © Joël Herbach
Épave de grand bateau du Veurdre © Allier sauvage
Bois silicifié ©Allier Sauvage
Bois silicifié ©Allier Sauvage
Arbres datés de 4000 ans © Joël Herbach
Arbres datés de 4000 ans ©Allier Sauvage

Mais au-delà des seules traces humaines, ce sont aussi des témoins naturels des climats anciens que la rivière révèle parfois. C’est le cas avec les morceaux de bois silicifiés datant d’environ 25 millions d’années que l’Allier transporte depuis la plaine de la grande faille de Limagne. Ce sont aussi des grands troncs d’arbres rectilignes remarqués dans le lit de la rivière à Villeneuve-sur-Allier et que notre partenaire GéoLab a daté de 4000 ans. Toutes ces découvertes illustrent l’immense histoire naturelle et humaine de l’Allier à travers une succession de changements climatiques.  

Date:
Étiquettes :