Un programme de recherche pour soutenir une agriculture intégrée

L’activité agricole apparait comme le sujet principal à prendre en compte pour le devenir du val d’Allier.

C’est elle qui en a formé depuis plusieurs siècles les paysages de prairies et de bocage au contact de la rivière et de sa forêt alluviale, formant avec elle un grand corridor écologique d’intérêt européen. Mais depuis une cinquantaine d’années, l’évolution de l’agriculture en a profondément altéré les qualités avec l’envahissement des abords de l’Allier par les grandes cultures irriguées, majoritairement de maïs, qui profitent de la proximité de sa nappe alluviale. Tout comme le rapport de France Stratégie de janvier 2025 sur la demande en eau, les ateliers organisés par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne dans le cadre de sa démarche prospective à 2050, auxquels Allier Sauvage participe, l’ont révélé sans ambiguïté : une pluviométrie en diminution différemment répartie sur l’année et des besoins croissants avec l’élévation des températures. Face à ces pénuries d’eau prévisibles avec le réchauffement climatique et à l’effondrement de la biodiversité, il est urgent de trouver des solutions pour préserver le modèle d’élevage extensif à l’herbe et de polyculture, là où il s’est maintenu, et favoriser une diminution progressive des cultures de maïs et de l’irrigation aujourd’hui de plus en plus menacées. Il en va de la pérennité d’une activité économique primordiale et de la réponse aux enjeux environnementaux et sociétaux de conservation des espèces et de gestion de la ressource en eau.

Maïs irrigué versus bocage
Maïs irrigué versus bocage

C’est pourquoi, face à l’inertie d’un système qui « sait parfaitement », mais qui « bouge difficilement », Allier Sauvage ne pouvait que s’impliquer pour contribuer à alerter et pour aider à trouver des solutions adaptées à cette équation complexe, viables pour les agriculteurs et valorisantes pour les territoires. Alerter, elle l’a fait à travers l’action juridique emblématique de Mauboux (Livry 58), aider, elle cherche à le faire à travers un programme de recherche sur l’agriculture du Val d’Allier Nord.

Charolais et saules "tétard" à Bagneux ©Christian Oberto
Charolais et saules "tétard" à Bagneux ©Christian Oberto
Deux taureaux et leurs garde-boeufs ©Claude Julien
Bovins s’abreuvant aux Pacages ©Christian Oberto
Bovins s’abreuvant aux Pacages ©Christian Oberto

C’est sur cette partie la plus en aval du cours de l’Allier, entre Moulins et le Bec d’Allier, la plus préservée grâce au maintien relatif d’une agriculture « traditionnelle » de polyculture-élevage, qu’un programme de recherche spécifique a été engagé sur le sujet fin 2024, en lien avec le programme CAP 20-25 du Centre international de recherche (CIR) sur les agrosystèmes durables et son axe 4 « Intégration des agrosystèmes dans les territoires ». Ce programme de recherche fait l’objet du Consortium scientifique interdisciplinaire ID-All « Intégration territoriale des agro et éco systèmes, levier de la Durabilité : le cas du val d’Allier Nord », mis en place en juin 2024 à l’initiative de l’INRAE et d’Allier Sauvage, avec des chercheurs de la Fédération de Recherche en Eau, Milieux, Environnement et Territoire de l’Université Clermont-Auvergne et avec le Conservatoire d’Espaces Naturels de l’Allier, animateur des sites Natura 2000 du val d’Allier Nord.

Visite de terrain avec l'INRAe © Caroline Pommier
Visite de terrain avec l'INRAe ©Caroline Pommier

L’hypothèse posée est que des systèmes agricoles diversifiés, associant polyculture et élevage (extensif) à l’herbe, mobilisant peu d’intrants (approche agroécologique ou agriculture de conservation) sont plus à même de préserver et gérer les ressources du territoire, notamment la disponibilité et la qualité de l’eau, et de constituer des voies d’adaptation durable au changement climatique et hydrologique (réduction de la vulnérabilité, accroissement de la résilience).

Après une phase d’étude méthodologique préalable réalisée fin 2024 par trois élèves-ingénieures de l’école VetAgro’Sup de Clermont-Lempdes, c’est une approche socio-économique qui s’est engagée au printemps 2025. Si le premier objectif du programme de recherche est de vérifier le bien-fondé de l’hypothèse de départ, son objectif sera in fine d’identifier les leviers d’une dynamique collective et/ou d’une politique publique permettant de favoriser un développement agricole compatible avec les enjeux environnementaux et valorisant pour les agriculteurs.

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