Pour permettre de contrôler la fréquentation de la rivière, en particulier par les canoës-kayaks, il était nécessaire de disposer d’observations précises indispensables à une approche éclairée de la question. Dans le cadre du 3ème Plan Loire Grandeur Nature, l’association Allier Sauvage et le GéoLab de la Maison des Sciences de l’Homme de l’Université Clermont Auvergne ont pour cela mis au point deux méthodes d’évaluation de la fréquentation de l’Allier.
Méthode d’évaluation de la pratique du canoë-kayak
La première méthode d’évaluation de la pratique du canoë-kayak est fondée sur un traitement des photos obtenues au moyen de stations automatiques de prise de vues installées sur les ponts. Celle-ci permet de connaître précisément le nombre de passages d’embarcations, ainsi que divers paramètres (nombre de personnes, matériel de bivouac, gilets de sauvetage, etc.). La méthode a été expérimentée avec succès en 2010 et 2011, au moyen de deux stations automatiques placées sur les ponts de Villeneuve-sur-Allier et du Veurdre.
Depuis l’été 2019, plusieurs campagnes d’observation utilisant cette méthode de prise de vues automatiques ont été réalisées par Veodis 3D (Fédération de Recherche en Eau, Milieux, Environnement et Territoire de l’Université Clermont-Auvergne), en collaboration avec l’association Allier Sauvage, en utilisant une station installée au pont du Veurdre, afin de mesurer l’évolution quantitative de la fréquentation.
Cette nouvelle phase de test a notamment révélé une augmentation de 32% du nombre de canoës-kayaks en huit ans. Il est projeté pour la suite d’équiper le pont de Villeneuve d’une station permanente d’observation de l’Allier (passage d’embarcations, crues, transfert de bois flotté) avec transmission en continu des données, grâce au wifi de la Maison de l’Allier sauvage.




Méthode d’évaluation de la fréquentation de la rivière
La deuxième méthode d’évaluation de la fréquentation de la rivière, elle aussi mise au point en collaboration avec le GéoLab et expérimentée avec succès sur le Val d’Allier Nord durant les deux saisons consécutives de 2010 et 2011, vise à apprécier les pressions exercées sur le milieu naturel fluvial. Cette évaluation a consisté à dresser un inventaire exhaustif, numérisé et catégorisé, des traces laissées en fin de saison sur les grèves et les îles de la rivière : bivouacs, foyers, déchets, etc. Les premières applications de cette méthode ont confirmé l’émergence de comportements préjudiciables que l’on ne constatait que très rarement avant le développement de la location de bateaux, mais elles ont aussi révélé d’autres types d’agressions du milieu naturel fluvial telles que passages de quads et extractions de granulats.
Enquête de terrain auprès des pratiquants
En parallèle, Allier Sauvage a réalisé une enquête de terrain auprès des pratiquants rencontrés sur la rivière, avec l’aide d’étudiants de l’Université, pour connaître leurs attentes et évaluer leur connaissance de la nature fluviale, ainsi que leur appréhension du risque. Les interviews réalisées ont montré qu’à leur grande majorité et à la différence des pratiquants expérimentés venant sur l’Allier avec leurs propres bateaux, les pratiquants occasionnels utilisant des canoës de location étaient ignorants quant aux fragilités de la faune et de la flore, dont ils n’ont aucune connaissance, et qu’ils n’avaient que très peu conscience des risques liés à la force du courant de la rivière. Tous, sans exception, ont manifesté leur bonheur d’avoir accès à cet environnement préservé où ils se sentaient privilégiés de se sentir ainsi immergés dans une nature ‘’sauvage’’, en insistant sur le fait qu’il ne faudrait surtout pas que la fréquentation augmente…
Une autre enquête par interview téléphonique anonyme a été réalisée en 2010 auprès de cinq loueurs de canoës-kayaks exerçant leur commerce sur l’Allier, avec le concours des étudiants de l’université. Cette enquête a révélé que ceux-ci ne proposaient pas d’encadrement par un guide, ne délivraient aucune initiation préalable à leurs clients, les encourageant même parfois à pratiquer la baignade par ailleurs interdite.


