L’attractivité de la rivière Allier monte en puissance depuis une vingtaine d’années, ce qui représente une réelle opportunité pour les territoires qu’elle traverse, pour peu que s’organise un développement touristique compatible avec la préservation des richesses naturelles qui en font justement la valeur.
Mais ce développement, pour le moment incontrôlable, constitue aussi une réelle menace pour la conservation des espèces (notamment des oiseaux migrateurs nichant sur les grèves), pour la préservation de l’ambiance « sauvage » de la rivière, ainsi que sans doute à terme pour la vie locale, comme c’est le cas sur d’autres rivières sur-fréquentées.
Il est donc apparu urgent de mettre au point une stratégie de développement durable du canoë-kayak, susceptible de concilier la préservation des milieux naturels et de leur biodiversité, le développement d’un éco-tourisme véritable apportant une réelle valeur ajoutée au territoire et le respect d’une vie locale encore bien présente et même particulièrement riche sur la partie Nord du val d’Allier.

L’insistance d’Allier Sauvage à faire prendre en considération cette nouvelle problématique s’est tout d’abord traduite par une inscription du sujet « canoë-kayak » et de ses propositions dans le Schéma de Développement Durable de la Rivière Allier approuvé par le Conseil régional d’Auvergne le 23 juin 2009, malheureusement resté sans suite.
Par la suite, et grâce à la méthode d’évaluation de la pratique mise au point avec GéoLab, les résultats incontestables des observations réalisées depuis 2010 avec nos partenaires scientifiques ont confirmé la tendance à l’augmentation relativement rapide de la fréquentation par les canoës.
Prenant conscience du problème, les Conservatoires d’Espaces Naturels ont alors amorcé une concertation sur le sujet avec les acteurs concernés (dont les loueurs) et organisé quelques réunions en 2018 et 2019, au cours desquelles Allier Sauvage a fait valoir que le développement d’une fréquentation touristique devrait dans l’avenir être encadré et s’accompagner d’une politique de sensibilisation des pratiquants, sous peine d’une dégradation progressive du milieu naturel fluvial et de l’ambiance ‘’sauvage’’ qui en fait l’attractivité. Elle a révélé à cette occasion qu’une grosse société exploitant déjà l’Ardèche avait essayer d’acheter un des deux loueurs installés au Veurdre et à Cuffy, avec l’intention de s’implanter sur l’Allier Nord avec 500 canoës et trois autocars !…
En décembre 2022, les services du Département de l’Allier ont engagé l’étude concertée d’un projet de développement et d’encadrement de la pratique du canoë-kayak sur les rivières du département, « Les sentiers nautiques du Bourbonnais », à laquelle Allier Sauvage est régulièrement associée.
L’étude menée en 2023 par l’association pour le Groupement d’Action Locale Auvergne Rhône-Alpes du Terroir Bourbonnais de Moulins, « accompagnement d’un écotourisme de découverte de la rivière Allier », permet d’avancer quelques propositions basées sur le constat des situations problématiques d’autres rivières et sur les politiques mises en place pour y répondre (règlements de navigation, charte des bonnes pratiques, etc).
La vision défendue par Allier Sauvage repose sur un partenariat à construire avec les loueurs en place dans une logique de protection de ceux-ci contre la concurrence extérieure, en contrepartie d’un engagement à offrir un service plus qualitatif (limitation du nombre, encadrement des pratiquants néophytes, initiation à une pratique sécurisée respectueuse du milieu, …). Il reste qu’une des difficultés à surmonter est que le commerce de location d’embarcations sur l’Allier n’est actuellement soumis à aucune demande d’autorisation auprès des services de l’Etat chargés de la gestion du Domaine Public Fluvial.


